Donc, en introduction, Michel nous fait part de son goût du voyage et de l’aventure puisé dans la lecture de Robinson Crusoë, la découverte d’Haroun Tazieff, ses trajets en car entre Carmaux et le futur lycée Lapérouse !!! Il évoque également les figures du docteur Amalric et d’Alain Conan pour exprimer toute la reconnaissance qu’il a envers eux.
Nous entrons ensuite dans le vif du sujet en nous envolant vers Vanikoro ; grâce à un montage extraordinaire d’images de Google Earth nous situons mieux les îles Salomon, puis les îles Santa Cruz et enfin la minuscule Vanikoro. Ce fut bien plus long pour Michel qui mit 10 jours depuis Paris : atterrissage à Lata puis attente de conditions favorables pour rejoindre Vanikoro en Zodiac. Pour nous, nous voici comme si l’on y était (grâce au premier drone ayant survolé Vanikoro et piloté par Michel !) sur les vestiges du cénotaphe érigé par Dumont d’Urville, plusieurs fois restauré et toujours détruit par un océan pas si Pacifique que cela !
Michel dresse ensuite une liste de navigateurs ayant fendu ces eaux :
- Un Espagnol d’abord, Alvaro de Mendana de Neira, découvrit les îles Salomon (1568) puis les Santa Cruz (1595) où il mourut tragiquement.
- Lapérouse ensuite qui y fit naufrage après être parti de Botany Bay le 15 mars 1788.
- D’Entrecasteaux parti à la recherche de l’expédition perdue, en 1791, et qui ne daigna pas pousser jusqu’à Vanikoro qu’il pouvait apercevoir ! Il y aurait trouvé pourtant les deux derniers survivants !
- Peter Dillon qui découvrit les preuves du naufrage en 1826 et 1827.
- Dumont d’Urville, enfin, qui vint en 1828 après les découvertes de Dillon et érigea le 21 février le cénotaphe évoqué plus haut.
Ce cénotaphe donc reconstruit encore en 2005 a de nouveau disparu : il ne reste que sa plaque en bronze commémorative conservée au village de Buma.
Nous partons ensuite vers Paiou, lieu du naufrage. Les images de Google Earth et celles du drone sont vraiment exceptionnelles. Nous voyons Vanikoro comme jamais encore malgré les nombreuses photos projetées lors des conférences précédentes. Nous apercevons les récifs de corail et comprenons le piège de la « fausse passe » et de « la faille ».
Michel évoque les expéditions : il a participé à 6 sur les 8. Les recherches concernaient aussi bien les fonds marins que les vestiges possibles à terre. De plus, la faune, la flore et les langues de l’île ont été étudiées. Les circonstances des naufrages avec la position de chaque bateau ont été mieux comprises. Plus de 5000 objets ont été retrouvés et répartis ensuite entre les divers musées de Nouméa, Paris et Albi.
Deux découvertes sortent du lot : le crâne et squelette sur le site de La Boussole en 2003, certainement les restes de l’abbé Mongez inhumés à Brest ; le « pied de roi » en 1999 à Paiou qui prouve qu’il y a eu des survivants.
Enfin nous partons pour Buma : c’est l’impression étrange d’être transportés dans le néolithique : la végétation est très dense et cette fois l’arrivée se fait de nuit et ce sont enfin les retrouvailles émouvantes avec l’ami bien lointain rencontré en 1999, Francis, l’instituteur ! Les échanges se font en anglais.
Le séjour chez cet ami est l’occasion de découvrir un peu mieux la population de Vanikoro et l’habitat grâce encore au drone : les langues, le polynésien et le mélanésien se mêlent avec l’anglais pour créer un mélange bien particulier ! Les deux ethnies après s’être fait la guerre ont été apaisées par l’évangélisation mais une cérémonie d’ordination de prêtre est bien particulière là-bas !
C’est un peuple sans écriture, seuls des ornements, des signes, des sculptures peuvent transmettre du sens. Pour le reste c’est la tradition orale. Ainsi, lors de discussions sur le naufrage, il apparaît que quelques survivants sont partis vers le nord. Deux hommes seraient restés mais l’un serait parti vers une autre île…
La médecine est encore celle des marabouts. Il y a environ 20 villages sur l’île avec église et école. Chacun construit où il veut et la notion de temps est élastique. La principale occupation est de vivre : se nourrir, (re) construire sa case : c’est une économie de subsistance. Pourtant l’arrivée du « progrès » a été bien accueillie et c’est la combinaison de la vie traditionnelle et de la vie civilisée visible avec l’ordinateur.
Une île est tournée vers la mer mais aujourd’hui l’avenir va ouvrir grandement les perspectives : sur les hauts plateaux de NE EBENE le drone survole les travaux du futur aéroport « Lapérouse International Airport » qui avancent à grands pas. Fin de l’isolement, perte de l’authenticité ?
Ainsi le conférencier voyage à l’estime : cela lui permet de rencontrer des personnes exceptionnelles et d’appréhender d’autres cultures. Le voyage est fini mais y a-t-il encore des secrets à Vanikoro ?
Michel a terminé son propos ; pourtant c’est un silence religieux qui s’installe durant quelques longues secondes : qu’il est dur de s’extraire d’un si beau rêve ! Puis les applaudissements fusent ; ce sont les mêmes qui, à Cannes, par leur durée et leur intensité, augurent d’une future Palme d’or…Bravo ! et merci infiniment Michel !
Gisèle et Alain.
