Encore une fois les auditeurs n’ont pas été déçus par ce « carré ». Nos hommes « de quart » et néanmoins conférenciers, Bernard Jimenez et Benoît Ginestet nous ont fait voyager durant une heure dans le lointain Kamtchatka.
Pourquoi le Kamtchatka ? Parce qu’il s’agit d’une des escales de Lapérouse. Pourquoi nos deux « B. » ? Parce que tous deux ont voyagé là-bas, Bernard sur les traces de Lapérouse, Benoît à l’assaut des volcans.
Ainsi, Benoît nous présente la contrée : située à l’est de la Russie, elle a une superficie de 464275 km2 (celle de l’Allemagne) pour 292574 habitants seulement. Sa capitale est Petropavlovsk . Formée par la poussée de deux plaques océaniques contre la plaque continentale, c’est une des parties les plus récentes de la planète ; elle abrite 160 volcans dont 29 actifs ! Elle est baignée par 3 mers : mer de Béring, mer d’Ohkotsk et océan Pacifique
D’un point de vue historique, la région a été peuplée par une population autochtone sans doute en contact avec les Amérindiens . Au XVIIème, des cosaques s’installent attirés par les ressources de pêche et de fourrures. Ils fondent deux forts et exploitent les indigènes. En 1713 il y a 500 cosaques. Après une rébellion des indigènes en 1731 matée par les cosaques, la population indigène passe de 20000 à 10000 en 1750 pour se réduire à 3200 en 1812 !
Bernard prend le relais pour nous résumer l’escale de Lapérouse. Elle a eu lieu du 7 au 29 septembre 1787. Notre navigateur y trouve « la plus belle baie du monde ». Il initie la construction de la ville de Saint -Pierre-et-Saint- Paul (40 huttes, 100 habitants, aujourd’hui Petropavlosk 200000 habitants). Il se recueille sur la tombe de deux personnages : le savant français Louis de la Croyère et le capitaine anglais Clerke. De nos jours, il existe un monument à Lapérouse et le petit musée d’histoire locale évoque notre célèbre navigateur.
Durant l’escale, les savants veulent partir à la découverte des volcans. Avec entre autres l’abbé Mongez, ils font l’ascension du volcan Koriakski après que 8 cosaques les ont guidés jusqu’à un « camp de base » situé à 850m et les ont laissés terminer (en 9 heures) vers le sommet à 2541m. d’altitude. Ils étudient en particulier la composition des laves, la faune (écureuil arctique, renard roux), la flore et réussissent à mesurer l’altitude du volcan avec une faible erreur.
Enfin, c’est durant cette escale que nos Français reçoivent leur premier courrier apporté par le gouverneur local de retour de Moscou. Lapérouse est nommé « chef d’Escadre » et reçoit l’ordre de se rendre à Botany Bay. Et, fait essentiel, c’est au cours de cette escale que de Lesseps est débarqué et va rejoindre Paris avec des lettres et surtout toutes les premières études effectuées jusque-là : inestimable témoignage !
C’est donc tout naturellement que Benoît reprend la barre pour marcher dans les pas de nos savants et nous faire découvrir de visu ce qu’ont vécu nos explorateurs.
Nous vivons donc son expédition avec 4X4 exotiques, hélicoptère, bivouacs sommaires. Au Kamtchatka, une seule route suit la vallée entre les deux chaînes volcaniques, pour desservir 3 villes seulement (80% de la population) et 20 villages souvent reliés pour leur part par des pistes plus ou moins affreuses.
Il est émouvant de voir les photos de l’ascension réalisée (en 8 heures, record battu !) plus de 200 ans après celle des savants de 1787.
Les photos des volcans, les paysages, les forêts de mélèzes nous ont enchantés ainsi que les traces d’ours. La faune est également riche en loutres, mouflons, macareux sans compter 5 variétés de saumon et le fameux crabe du Kamtchatka. Nous avons aussi goûté la variété des lacs colorés bleu, rouge avec tout un catalogue de volcans à la fois différents et semblables. Ce sont en effet des stratovolcans c’est-à-dire formés par couches successives au fur et à mesure des éruptions. Tout ceci dans des dimensions gigantesques : un volcan a une caldera de 1800m de diamètre pour 45m. de profondeur ! Dans ce paysage digne du MORDOR , la vallée des geysers est une autre curiosité du Kamtchatka.
Ainsi nos deux conférenciers ont réussi à nous faire voyager à la fois dans l’espace et dans le temps : nous ne savions pas si nous étions à Albi ou au Kamtchatka, avec eux ou avec Lapérouse…Bref, mission accomplie avec brio !
Encore bravo et merci à nos deux « B. » !
Gisèle et Alain